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La Charge de l'Indemnité d'Occupation en Cas de Cession Irrégulière : L'Arrêt du 4 Juillet 2024

Le 11 septembre 2024
La Charge de l'Indemnité d'Occupation en Cas de Cession Irrégulière : L'Arrêt du 4 Juillet 2024
En cas de cession de bail commercial irrégulière, se pose souvent la question de la répartition des charges, notamment des loyers et indemnités d'occupation.

L’arrêt rendu par la 3ème chambre civile de la Cour de cassation le 4 juillet 2024 (n° 23-13.822) précise que le cédant ne peut réclamer au cessionnaire le remboursement des loyers ou indemnités d’occupation si la cession est irrégulière. Cette décision, ancrée dans le principe de la garantie d'éviction, est d'une grande importance pour les relations entre cédants et cessionnaires.

Consultez ici l'arrêt rendu par la Cour de cassation, 4 juillet 2024, 23-13.822, Publié au bulletin

Le Contexte Juridique : La Cession de Bail Commercial

La cession de bail commercial intervient souvent lorsque le locataire souhaite transmettre son fonds de commerce. Cependant, cette opération est strictement encadrée par des règles légales et contractuelles. Par exemple, une clause du bail peut exiger que la cession ne soit possible qu’avec l’accord préalable du bailleur ou stipuler que le droit au bail ne peut être cédé indépendamment du fonds de commerce. En cas de non-respect de ces obligations, la cession peut être considérée comme irrégulière et inopposable au bailleur.

Dans l’affaire jugée le 4 juillet 2024, un commerçant avait cédé son droit au bail sans respecter les conditions prévues dans le contrat, entraînant l'inopposabilité de la cession et la résiliation judiciaire du bail. Le cessionnaire, bien qu'occupant les lieux, s’est retrouvé évincé.

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L'Occupation des Locaux et la Question des Indemnités

Une des questions soulevées concernait la prise en charge des loyers et indemnités d'occupation pour la période où le cessionnaire avait occupé les locaux. Le cédant, qui avait payé ces sommes au bailleur, demandait leur remboursement au cessionnaire, soutenant que celui-ci avait profité des locaux pendant cette période.

La Cour de cassation a rejeté cette demande, affirmant que la responsabilité de l'irrégularité de la cession incombait au cédant. Le cessionnaire, en tant qu'occupant de bonne foi, ne pouvait être tenu responsable des sommes dues pour l'occupation des locaux.

La Garantie d'Éviction : Protection du Cessionnaire de Bonne Foi

L'arrêt repose sur le principe fondamental de la garantie d'éviction, codifié à l’article 1630 du Code civil. Ce principe impose au cédant de garantir au cessionnaire une jouissance paisible du bien. Si le cessionnaire est évincé en raison d'une faute imputable au cédant, ce dernier doit indemniser le cessionnaire pour le préjudice subi, y compris pour les sommes versées à titre de loyers ou d'indemnités d'occupation.

Dans ce cas précis, l'irrégularité de la cession est imputable au cédant, qui doit donc assumer la charge des loyers et indemnités. Le cessionnaire, évincé sans faute, ne saurait être tenu de rembourser ces sommes.

Précisions et Conséquences Pratiques de l'Arrêt

Cet arrêt clarifie plusieurs points importants :

  • Bonne foi du cessionnaire : La Cour de cassation insiste sur le fait que le cessionnaire n’a commis aucune faute. Cela renforce la protection des cessionnaires de bonne foi contre les conséquences financières des irrégularités commises par le cédant.
  • Durée d’occupation : Même si le cessionnaire a occupé les locaux pendant plusieurs années (trois ans dans cette affaire), cela ne change en rien son droit de ne pas être tenu responsable des loyers et indemnités d’occupation.
  • Responsabilité accrue du cédant : Le cédant doit s’assurer que la cession est régulière. Toute irrégularité dans la cession l’expose à des conséquences financières importantes, notamment vis-à-vis du bailleur et du cessionnaire.

En pratique, cela signifie que les cessionnaires doivent être vigilants quant à la régularité de la cession, mais bénéficient d’une solide protection juridique en cas d’éviction.

Pour les cédants, cet arrêt rappelle l’importance de respecter les conditions contractuelles pour éviter de lourdes conséquences financières.

Comparaison avec la Jurisprudence Antérieure

Cet arrêt s’inscrit dans une ligne jurisprudentielle cohérente concernant la garantie d'éviction. Par exemple, dans un arrêt de 1974, la Cour de cassation avait jugé que l’indemnité d'occupation versée par un acquéreur évincé devait être remboursée par le vendeur (Civ. 3e, 8 oct. 1974, n° 73-11.036). Cette continuité dans la jurisprudence offre une certaine prévisibilité juridique aux parties impliquées dans des cessions de bail ou des ventes immobilières.


En définitive, l’arrêt de la Cour de cassation du 4 juillet 2024 (n° 23-13.822) clarifie la répartition des responsabilités financières en cas de cession irrégulière de bail commercial. Il confirme que le cédant, en tant que responsable de l’irrégularité, ne peut exiger du cessionnaire le remboursement des loyers ou indemnités d'occupation, même si ce dernier a occupé les locaux sans faute. Cette décision renforce la protection des cessionnaires de bonne foi et rappelle aux cédants l’importance de s’assurer de la régularité des cessions qu’ils entreprennent, sous peine d’assumer de lourdes charges financières.

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Grégory Bentata,

Cabinet d'Avocats Bentata